La famille, il n'y a que ça de vrai ! - Feat Ryuk

Qu'est ce que je faisais ici? C'était bien la première question que je me posais en entrant dans cet endroit bondé de monde à l'atmosphère et surtout à l'air étouffants. Mes yeux se baladant sur la masse de gens amassée ici tel des poulets dans un poulailler. Certains discutaient tranquillement, d'autres semblaient être ici pour boire et probablement oublier la dureté de la vie, quant d'autres semblent être juste là pour passer le temps de toutes les façons possibles, que ce soit en discutant, en buvant, ou même en essayant de chercher des ennuis aux autres personnes présentes. Un soupir sortit discrètement de ma gorge alors que j'entrais à pas lourd dans l'endroit, la mort dans l'âme. J'étais certes ce que l'on pouvait appeler un homme à tout faire, mais pourquoi m'avoir envoyé ici? Au milieu de toutes ces personnes qui visiblement, en vue des quelques regards, se seraient volontiers passé de la présence des Protecteurs de la Nuit? M'approchant doucement du bar, je croisais quelques regards hostiles, reconnaissant plusieurs fois le blason de la garde royale, tiens, même les gardes venaient se bourrer la gueule ici? Intéressant...Enfin bref, je n'étais pas ici pour voir quelques gardes alcoolisés mais bien pour patrouiller et vérifier si quelque chose de suspect se passait, d'ailleurs, l'un de mes camarades n'était-il pas censé être déjà ici? M'asseyant sur un des sièges du bar, je commandais un bol de lait chaud tout en regardant autour de moi, aucun signe de mon compagnon, pas même une insigne ou un appel de la patte, rien du tout. Il ne s'était pas défilé quand même? Il faisait certes froid ce soir et j'avoue que l'idée de rester chez moi ou chez ma famille était alléchante, mais je ne permettrais jamais de ne pas obéir aux ordres qui me sont données ! Que les dieux me viennent en aide...

Lapant doucement le bol que j'avais précédemment commandé, je tendais l'oreille, à la recherche d'informations qui me seraient utiles ou qui pourraient être transmises à mes supérieurs. Malheureusement, les choses semblaient être bien calmes ce soir, rien de croustillants à se mettre sous la dent. Tiens, en parlant de dent, mon estomac gronda violemment et surtout bien bruyamment, attirant l'attention de mon voisin de gauche qui me regarda avec un regard étonnamment amusé et surtout amicale, mais quelque chose me dérangeait, une autre lueur que je ne savais lire se trouvait dans ses yeux, qu'est ce que c'était que ça? Celui ci commença à me parler, d'une voix enrouée et surtout comme malaisée, qu'est ce que ? Il me racontait alors tout et n'importe quoi, par politesse je l'écoutais, même si mon regard était tourné vers autre chose, juste pour éviter de croiser le sien qui se faisait de plus en plus insistant sur ma déformation et qui me gênait de plus en plus. Finalement, je me vis de lui demander d'arrêter de fixer mon visage de cette façon là et que son comportement me mettait plus que mal à l'aise, celui ci sourit alors de toutes ses dents jaunes et cassées en s'excusant avec sincérité me semble t'il. Celui ci retourna alors sur son verre qui contenait très certainement de l'alcool, le chat avait très certainement bu et cherchait probablement un peu de compagnie. Me sentant mal du fait de l'avoir envoyé balader à cause de la fixette sur ma déformation, je me retournais vers lui avec un sourire amical et les oreilles dressées.

"-Et vous d'où venez vous? Comment vous appelez vous?" Ma voix tremblait légèrement mais elle était parfaitement compréhensible pour autant, même si du au brouhaha ambiant, j'avais dû me rapprocher et hausser le ton, sentant l'haleine alcoolisée de mon interlocuteur, me donnant légèrement la nausée. Celui ci me répondit alors qu'il n'était qu'un simple éleveur de poulet sur la côte ouest de la ville et que les temps se faisant difficiles, il venait oublier sa vie ici. Il me confia également qu'il recherchait un jeune apprenti pour enfin partir se reposer, celui ci tenant son élevage seul depuis déjà plusieurs années. "-Et bien, cela semble être difficile pour vous, si vous voulez quand j'aurai un peu de temps, je pourrais venir vous aider à la ferme? Je ne suis qu'un simple mercenaire chez les protecteurs de la nuit vous savez, les temps sont durs aussi, mais nous devons pouvoir nous soutenir tous ensemble" Un sourire apparut sur le visage du vieux fermier alors qu'il me remerciait de mon offre et qu'il était temps pour lui d'y aller car il avait un rendez vous important demain. Je le saluais alors d'un geste de la patte avant de retourner boire le reste de mon bol de lait, tiens était-il aussi vide? Je regardais mon autre voisin, un chat totalement saoul qui dormait à moitié sur le comptoir du bar, bon probablement, après tout cette homme ne pouvait faire de mal à personne. Un cri me parvint aux oreilles, un cri étouffé mais reconnaissable parmi tous pour moi, Ivy ! Je me retournais brusquement, voyant un mâle au pelage miteux et aux muscles apparents coinçant ma soeur dans un coin du bar et surtout une horde de mâle en chaleur autour d'elle.

Ni une ni deux, je me jetais près d'eux, bousculant les mâles autour d'elle avec mes épaules puissantes avant de repousser le chat noir en montrant les crocs, je n'aimais pas me battre, mais alors que l'on se permette de toucher à ma soeur enceinte ça non! Je faisais le dos rond, les griffes sorties et les pupilles réduites en deux fentes. Un mâle rigola en criant que "Le déformé défendait sa petite amie", un autre cria à son tour que j'étais qu'une tapette que les dieux avaient raté, un troisième m'insulta de tout les noms, ce à quoi je répondais en grognant plus fort. Finalement mes yeux se posèrent sur le noireau qui avait osé commencé à plaquer ma soeur contre ce mur, celle ci se cachant d'ailleurs derrière moi et surtout se faisant la plus petite possible, ses sanglots arrivants à mes oreilles. Les yeux de mon adversaire croisèrent les miens, ces yeux bleus, vides de vie ou même de sens...

Attendez une seconde, qu'est ce que mon père foutait ici?!

Cette personne, cette chose là, en face de moi, le regard vitreux et les pattes tremblantes sous les carences dont il devait être la victime. Oui cette chose là, c'était lui, ce mâle odieux, violent, alcoolique, aux tendances étranges et malsaines, oui ce truc là, c'était notre père. Qu'est ce qu'il venait foutre ici? Qu'est ce qu'il venait faire dans nos vies? Pourquoi était-il en train d'essayer de coincer sa propre fille contre un mur? Est-ce qu'il...Non ! Même lui n'était pas capable de ça, n'est ce pas? Une grimace de dégoût déforma son museau alors que ses yeux regardaient ma mâchoire, ainsi que mes yeux et mon visage en général, ce qui entraîna une grimace haineuse de mon côté. Qu'est ce qu'il se passait, hein? Tu ne supportais pas l'horreur que tu avais toi même engendré? Je feulais alors que celui ci, regardant d'un oeil mauvais les mâles en chaleur autour de nous, s'approchait de ceux si, pour exprimer son mécontentement envers ma présence dans cette même pièce où lui se trouvait, ne se gênant pas pour m'appeler "ce truc". Un grognement sourd se fit entendre alors que mes poils se hérissaient sur mon échine et que ma queue battait l'air à un rythme effréné, montrant mon envie de lui arracher la nuque là, tout de suite. Des ricanements arrivèrent jusqu'à mes oreilles ainsi que des remarques supplémentaires sur mon apparence, putain, est-ce que c'est tout ce que les gens voyaient? Un regard mauvais se dirigea, un peu contre mon gré, vers ces mâles, ces ordures, ces enfoirés, ils voulaient voir ce que ça faisait d'être comme je suis? Cette personne que l'on qualifie de "Bête" de "Chose" ou encore d'"erreur de la nature", c'était pas un jeu messieurs. Je me retournais vers mon géniteur, m'approchant doucement de lui, en montrant les crocs. Nous faisions la même taille, nous avions le même pelage épais, nous étions bien trop similaires physiquement pour que je ne le tolère.

"-Tu sais ce qu'il te dit "Le truc"? Visiblement, non. On ne supporte plus ce que l'on a engendré? Tu sais, ce visage, je ne l'ai pas choisi, c'est mon père qui me l'a imposé. " Un feulement sortit de ma gorge de nouveau alors que je prononçais le mot père. Ce mot, il m'avait toujours horripilé, je n'en avais pas eu, et jamais je ne pensais que cette chose pouvait être celui qui avait brillé par son absence. Je rentrais doucement mes griffes, essuyant encore quelques insultes et remarques dans mon dos tel que "Trouillard" "Putain il se dégonfle" et autres joyeusetés. Une grimace s'afficha sur mon visage alors que je crachais littéralement au visage d'un vieux mal rabougri au pelage miteux. Celui ci pesta et recula, j'étais bien plus grand, bien plus fort et surtout endurant que lui, il savait que cela ne lui servirait à rien d'essayer de se défendre. Ma soeur, elle, resta derrière moi, collée contre mon flanc, essayant de soulager le poids lourd que représentait son ventre. Je la regardais doucement, avec des yeux beaucoup plus doux et attentionnés que précédemment. "-Tout va bien Ivy? Comment vont les chatons?" Celle ci me répondit d'une voix sanglotante et apeurée que tout allait à priori bien, que le choc était surtout plus mental que physique. Doucement, je la repoussais vers l'entrée, malheureusement bloquée par l'autre matou bleuté. Putain, ses oreilles étaient totalement en charpilles maintenant que je regardais de plus près. Ses yeux bleus croisèrent ceux de ma soeur qui recula d'un pas, tout en poussant un gémissement à la fois apeuré et surpris. "-Ryuk, c'est bien ça non? Notre mère parlait souvent de toi, comme quoi tu étais à la fois un sale type mais également le symbole de la plume bleue sur son collier. Hishika, souviens toi bien d'ce nom salaud." Je le poussais d'un coup d'épaule pour faire passage à ma soeur qui rejoignit rapidement l'autre côté de la rue. Un sourire tendre apparut sur mon visage alors que la voyais s'éloigner rapidement de cette endroit morbide.

Je me retournais doucement vers les gens du bar, tous reprenaient doucement leurs occupations diverses, à boire, discuter, ou même répandre des rumeurs. Dorénavant, je dirai à ma soeur d'éviter ce genre de quartier...Pourtant ce n'était pas son genre de traîner par ici? Peut être avait-elle prévu de retrouver Matt? Tout était possible. Un bruit suspect attira mon attention. Me tournant vers la source du bruit, je voyais encore ce salopard, ce qui m'arracha un feulement sourd, certaines paires d'yeux se tournant alors vers moi. Qu'est ce qu'il attendait pour partir?!